'ECOLOGICAL' RENOVATION: Owner's Experiences and Openness
Concept écologique: recyclage et respect de diverses contraintes
Rénover, c’est une forme de recyclage: c’est mieux pour l’environnement que de construire. Surtout s’il s’agit d’améliorer une maison de bourg, en zone dense de toute façon, plutôt que de construire une maison – même ‘passive’ – dans un ancien espace naturel…
1) Expertise et normes
Nous avons choisi un cabinet d’architecture compétent : Architecture Vivante à Vannes. Pour les autres prestataires, capacité à respecter ces choix et présence locale ont fait partie des critères de sélection.
Les normes sont très strictes pour cette bâtisse à Locmariaquer, qui cumule les références : Loi littoral, Parc Naturel Régional du Morbihan, et zone proche de monuments historiques. Ceci implique par exemple la consultation des Architectes des Bâtiments de France avant l’attribution du ‘permis de construire’ par la mairie (c’est à dire permis de rénover). A ceci s’ajoutent des normes de construction et les habitudes de travail des artisans.
L’ensemble des normes et coutumes n’est pas toujours convergent : par exemple, nous n’avons pas pu installer des panneaux photovoltaïques en toiture (pourtant à peine visible), donc le concept de chauffage (voir ci-dessous) est très efficace, mais pas autonome. Rémunération des installateurs en marge sur achats, et précautions liées à la garantie décennale : tout ceci est compréhensible, mais favorise matériaux neufs et sur-spécifiés plutôt que recyclés et ‘suffisants’: un vrai problème, qui nous dépasse…
Dans l’ensemble, nous pensons avoir respecté toutes les règles, notre objectif écologique… et surtout : le confort des locataires (et le nôtre!). Nous sommes un peu au-delà notre budget maximum mais – chut, ne le dites pas à ma femme 😊. Nous n’avons rien fait d’extraordinaire, donc il est possible d’inspirer d’autres gens avec des ressources et motivations moyennes. Nos enfants sont fiers du concept – ils s’en occuperont à terme – et nos voisins semblent apprécier – ils viennent visiter (notamment lors de la Journée Portes Ouvertes).
2) Isolation: respect des façades, des normes RT 2012, et des matériaux écolos
Cette grande maison n’avait jamais été isolée, ni chauffée autrement que par des cheminées ouvertes, (inefficaces et donc émettrice de CO2 en cas d’utilisation l’hiver). Ceci dit, elle était depuis des décennies simplement louée en juillet-aout, donc sous-utilisée en mi-saison et hors saison. Mais sa propriétaire précédente avait pris grand soin de l’essentiel, notamment une superbe charpente et un beau toit en ardoises, typique de ce bourg. Un toit en ardoise – même bien isolé – n’est pas ideal pour l’environement: il absorbe le rayonnement solaire, chauffe trop en été (tentation d’air co) et réchauffe l’atmosphère (changement climatique. Sensible sur une presqu’île menacée par endroit de submersion). Il n’y a pas de solution compatible avec le style local, si ce n’est ma suggestion : y laisser grandir des lichens blanchâtres (un champ de recherche agronomique à suivre?) .
Une remarque sur les normes? A notre avis, elle ne prennent pas assez en compte a) la saisonnalité, en surestimant l’importance de l’hiver, avec donc un risque de surdimensionnement du chauffage, ou de refus de rénover à cause du coût b) le besoin de rafraichissement. Le meilleur principe de préparation d’une rénovation écologique est de vivre durant plusieurs saisons dans la maison et de bien l’observer. Ceci a permis de noter la forte chaleur des combles dès le printemps. Le défi de cette maison n’etait pas tant le froid que le chaud.
La façade devait être préservée, donc l’isolation par l’extérieur – qui implique un bardage en surépaisseur – n’était pas possible. L’isolation par l’intérieur implique plusieurs contraintes: d’abord de réduire un peu le volume intérieur, d’autre part de recouvrir l’intérieur des murs externes. Nous avons choisi des parois en plâtre (respectant les normes anti-incendie et neutre en émissions), avec un isolant ‘écolo’: en fibre de bois, typiquement un sous-produit de scierie, sans produit chimique ajouté (sauf un peu de sel de bromure pour limiter les insectes, un produit traditionnel non nocif pour les mammifères comme nous).
Les murs intérieurs et celui qui soutient la véranda ne demandent pas d’isolation. Ceci a permis de préserver l’authenticité – conservant des lambris et tapisseries d’époque – et même de la renforcer – mise à jour des belles pierres des murs porteurs.
Les normes d’isolation applicables sont devenues sévères, ce qui est bien. Elle se calculent sur la moyenne du bâtiment – toutes pièces habitables comprises. Comme les locations seront surtout saisonnière, en privilégiant l’utilisation des étages proches du jardin, nous avons donc choisi d’isoler plus fortement le rez-de-chaussée et le premier étage que les combles. Ceci a permis de préserver une partie du look d’origine, avec la charpente en bois et des pans de mur en pierre.
3) Chauffage maison et eau chaude: solaire et PAC géothermique, pour le chaud et le frais
Un chauffage écologique implique une bonne isolation (voir plus haut), une bonne diffusion de la chaleur, et des calories économes en énergie. Plusieurs experts nous ont aidé a choisir et dimensionner la bonne combinaison de ces éléments. Nous avons choisi un réseau de chauffage à base de radiateurs à basse température, avec des ‘boosters’ qui permettent de venir rapidement à la température souhaitée sans surchauffer en permanence. Concernant la production des calories, difficile de battre les pompes à chaleur (PAC), qui extraient celles de la nature. Plutôt qu’une PAC à air (dont la rendement baisse quand l’air est froid… justement en hiver, et qui font du bruit), nous avons retenu une PAC géothermie verticale. Trois boucle fermées de tuyaux passent dans des trous forées à 80 m de fond (dûment notifié aux autorités, et très durable).
Un intérêt supplémentaire de la PAC géothermie est le refroidissement passif. La température de la terre est naturellement autour de 13 degrés (voire même un peu moins après une saison de chauffe et don une saison d’extraction de calories autour des tuyaux]. Il ne s’agit pas d’air conditionné, couteux, mauvais pour l’environnement et inutile sous nos latitudes. La simple circulation d’eau en dessous de 20 degrés permet de refroidir un peu la maison, par le biais des radiateurs. En période très chaude, ceci est complété par la circulation de l’air, qui diminue la perception de chaleur. Tous les logements sont ‘transversant’ du Nord-Est vers le Sud-Ouest: en zone maritime souvent venté, cela évite l’emploi de ventilateurs. Pour éviter un ensoleillement excessif, des volets méditerranéens ont été installés, qui permettent de bloquer le soleil du haut, tout en ménageant une ouverture dans le bas pour le vent et la vision vers l’extérieur.
4) Transport: vélo + recharges électriques
Est-ce écologique de rénover une maison pour des locations saisonnière? Oui à deux conditions. D’abord, une saison courte qui déséquilibre un village: notre objectif est d’élargir à la mi-saison, grâce au confort et a la communication / animation. D’autre part, il s’il s’agit aussi de remplacer des vacances-avion exotiques par des vacances-train & vélo en Europe. Un bilan complet comparerait l’ensemble, transport d’accès compris, et serait favorable au séjour Ty Kabiten.
Les transports locaux comptent aussi. Cette maison est proche du bourg et de nombreuses activités ludiques et sportives : elle permet des vacances ‘à pied et en vélo’ pour tous les âges, et avec des frais modiques en plus de la location.
Venez en train jusque Auray : gare TGV a une heure de Rennes ou Nantes, trois heures de Paris, 5 heures de Londres ou Bruxelles. Ensuite, transfert vers Locmariaquer: bus (via Rond Point du Chat Noir puis Minibus local en saison, en taxi, ou en co-voiturage – le stop marche bien aussi).
Si vous venez en voiture électrique ou hybride, vous pourrez la recharger gratuitement aux bornes mises à disposition dans le jardin sur rue. Pour éviter d’impliquer un circuit surdimensionné, il s’agit de simples prise légèrement renforcées, qui permettent une charge complète en une nuit (courant électrique plus abondant).
5) Jardins: entretien limité et biodiversité sans chimie
Le jardin sur rue doit pouvoir supporter des véhicules (il existe même une norme de parking voitures qu’on le veuille ou non), et subir la sècheresse en été. Tout en évitant et la macadamisation qui rend le sol imperméable, et les graviers ou sable, qui pullulent de mauvaises herbes ou inciteraient à utiliser des désherbants chimiques (bien entendu interdits). Le mieux pour combattre des végétaux indésirables et de… favoriser d’autres végétaux. Nous souhaitions un jardin et non une cour, ou pire: un ‘parking’… Or il existe des matériaux recyclés avec alvéoles, qui supportent des passages de voiture tout en permettant la pousse de végétaux. C’est ce que nous avons fait installé, en choisissant un mélange de mini-thyms et mousses, qui résiste à l’écrasement et à la sècheresse comme à la pluie. Le portail ancien aux piliers en fonte coulée a été élargi et réutilisé, en supprimant un mur qui bouchait la vue depuis la rue vers le golfe. Ainsi, les passants peuvent se faire une idée du jardin.
Le jardin sur rue est accueillant: typiquement le portail est ouvert si la maison est occupée. Un vieux vélo pendu devant l’abri à vélo indique son utilisation, et des bornes de recharge électrique sont clairement signalées.
Le jardin sur mer est naturel: il comporte essentiellement une grande pelouse d’agreement, et des plates-bandes à entretien faible. La pelouse est tondue sans pollution sonore ou essence, et sans évacuer les tontes vers une décharge: par une tondeuse électrique automatique . Elle circule fréquemment, la nuit car l’électricité est moins chère et personne n’est dérangé. En transformant l’herbe en petits morceaux qui se compostent et régénèrent la pelouse, elle évite aussi de devoir utiliser des engrais. Au bord de cette zone tondue se trouvent des espaces avec herbes hautes et fleurs sauvage. Nous n’essayons pas de limiter les ‘mauvaises herbes’, si ce n’est deux fois par an en les arrachant et en utilisant du paillage au printemps et à l’automne. Au bout du jardin, se trouvent des herbes typiques des dunes: ceci précède l’accès au chemin côtier et à la petite plage.
Le jardin dispose d’un potager avec des bacs comportant divers condiments, des arbuste fruitiers (framboises, mures, groseilles), et des légumes annuels comme courgettes et potirons. Tout ceci est disponible pour une utilisation raisonnable et gratuite, en auto-consommation par les locataires. Il y a aussi un verger avec des pommiers et pruniers, et aussi… de l’espace pour faire la sieste à l’ombre!
Les essences d’arbres et de plantes ont été choisies dans les espèces locales, et en fonction de leur rôle. Celles qui sont éloignées de la maison sont souvent mellifères (aider les abeilles, pollinisatrice essentielle pour l’écologie). Celles qui sont proches des fenêtres ont souvent la propriété de repousser les moustiques (par ailleurs peu nombreux proche du bourg, et proche d’eau de mer et non d’eau douce).
L’espace naturel le plus important à Locmariaquer, nous n’y avons pas touché du tout. C’est la mer, le golfe du Morbihan. Descendez vers le sentier, ou prenez nos kayaks, et appréciez!